Edith Amsellem . metteuse en scène
Elle est née et a grandi à Marseille. Comme un passage obligé pour les petites filles de son époque, elle commence la danse classique à 4 ans. A 10 ans elle réussit le concours d’entrée de l’Opéra de Marseille et à 13 ans on la renvoie pour morphologie trop généreuse. Vexée, elle décrète en avoir fini avec le spectacle vivant.
Durant ses études elle tâtonne : Bac B, BTS graphisme, puis Maîtrise de conception et mise en œuvre de projets culturels à la faculté d’Aix-Marseille avec une option lourde en théâtre. Quelque chose l’attire. En parallèle à ses études elle travaille dans des théâtres à Marseille : hôtesse d’accueil au Gymnase, caissière aux Bernardines, graphiste au Badaboum. Elle découvre d’innombrables spectacles et fait des rencontres décisives.
En 1998, Eva Doumbia lui propose le rôle de Rosette dans On ne badine pas avec l’amour de Musset, précisément parce qu’elle n’a aucune expérience d’actrice. Elle distribue à des non-acteurs les rôles de prolos et à des acteurs confirmés les rôles de bourgeois. Le spectacle tourne, un monde s’ouvre.
En 2000, Anne Marina Pleis l’invite dans son aventure de Taxis-Théâtre. Elle propose à des artistes un concept pour 3, 4 spectateurs : mettre en scène une fiction dans une voiture en prenant la ville pour décor. Elle coréalise pour Marseille « Etat Civil » d’après Michèle Grangaud, pour Bruxelles au Kunstenfestival « Le Grand Cahier » d’après Agota Cristof et pour Metz, « Ubik » d’après Philip K. Dick. Cette aventure est déterminante. Elle lui ouvre les yeux sur la pertinence de l’espace réel pris comme toile de fond dans la narration d’une fiction. Elle apprend à regarder la ville, à la superposer aux histoires, à choisir des cadres pour faire résonner les mots. Et par dessus tout, elle éprouve ce frottement délicieux entre réel et fiction, déclenchant toutes sortes d’accidents improbables qui sèment le trouble dans la tête des spectateurs : le théâtre devenant plus vrai que nature dans ce réel poétique déformé par le prisme de la fiction.
Elle travaille ensuite sous la direction de metteurs-en-scène marseillais, Laurent de Richemond, Franck Dimech, Pascal Farré, Christophe Chave, Jean-Marie Arnaud Sanchez… Elle apprend à être au service d’un autre. Elle observe les manières de faire.
En 2005, Elle prend part avec d’autres artistes à la création du Collectif En Rang d’Oignons. Ils imaginent une communauté sans metteur en scène, sans chef. A plusieurs ils jouent et participent à l’écriture et à la mise en scène des spectacles : « A la Mounette », « Je vois un Loup », « Ai-je bien vu le méchant courir au fond de la Scène » et « Pierre et le Loup ». Elle essaie d’attirer le groupe hors des salles de théâtre : plage, bar, maison de retraite, muséum d’histoire naturelle, mais quelque chose résiste. Ce groupe, sans vision claire et régi par une sorte de consensus mou, finit par imploser.
En 2012 , elle prend la direction artistique de la compagnie ERd’O et avec son désir de théâtre dans des lieux spécifiques, lance son premier projet de mise en scène, « Les Liaisons dangereuses sur terrain multisports » d’après Choderlos de Laclos. En 2015, elle crée « Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan » d’après Witold Gombrowicz, en 2018 « J’ai peur quand la nuit sombre » pour parcs et jardins à la tombée de la nuit, d’après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition orale et en 2020 « Virginia à la bibliothèque » d’après « Un Lieu à soi « de Virginia Woolf.
Elle crée en 2022 « Vous êtes ici » un spectacle participatif qui implique les employé.e.s des équipes de théâtre sur la nécessité du spectacle vivant dans nos vie.
Elle prépare pour 2026 un nouveau projet pour l’espace public « Le Grand Défilé« , lauréat 2023 de la Bourse à l’écriture Écrire pour la rue de la DGCA et de la SACD.